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Après avoir a été diplômé de l’ESAG-Penninghen (Paris) en 1996. Karine Wehbé rentre au Liban après 13 années d’exil. Depuis 2002, son travail artistique se développe oscillant entre peintures, dessins, vidéos et installations.Son approche artistique est souvent une tentative de reconstitution d’un fragment de vie, à partir de films, de photos trouvés ou un quelconque élément qui fait appel à la nostalgie, de son pays (Le Liban), de sentiments ou de nombreuses histoires sont à réécrire ou inventer.Le passé et le présent se mêle, l’artiste tente par de nombreux moyens de s’immerger lui-même physiquement dans ces multiples interprétations pour tenter de comprendre un pays chargé d’histoires où la place de la guerre (ou la volonté de reniement de celle-ci) on fait oublier tout un âge d’or d’un Liban qui fut malgré tout un endroit où il faisait bon y vivre.
Festival 2010
Août 1973 ou Baalbeck Blues : 1973, au Liban, fut l’une de ces années emblématiques d’un rêve, où le temps paraissait suspendu et l’espace indiscernable. Le Liban d’avant-guerre, ce Liban du début des années 70 fut exactement ce qu’une carte postale semblait vendre : un rêve retouché et embelli, plein d’insouciance, exhibant son authenticité tout autant que ses artifices. Durant l’une de mes visites fréquentes au souk de Beyrouth, je trouvais 4 photographies datées du mois d’août 1973, montrant 2 hommes libanais accompagnés par 2 femmes en apparence étrangères. Les photos laissent penser qu’il s’agissait là d’un “road trip” effectué par les deux couples. Les hommes y embrassent les femmes sur le bord d’une route, dans un restaurant ou au milieu des ruines de Baalbeck… A cette époque, Baalbeck représentait, tout comme Beyrouth, la matérialisation d’une promesse. Août 1973 ou Baalbeck Blues est un projet sur la fabrication de la mémoire, qui elle-même aurait peut-être été fabriquée. Par un procédé de reconstitution j’ai voulu, avec la complicité de quelques amis, intégrer ces 4 images trouvées, revivre la journée de ces 2 couples et sentir si ce Liban furtif de l’insouciance et du bonheur était un mythe… Mais malgré le choix des lieux où nous avons été, des vêtements que nous avons porté et de la musique que nous avons écouté, j’ai le sentiment que nous avons échoué : ce Liban-là restera un rêve inaccessible. Dans mon travail, je pars souvent d’un élément trouvé, que j’utilise de la manière la plus aléatoire, dans le but de susciter le questionnement, de réveiller l’imaginaire et de multiplier les lectures, dans un pays toujours en devenir, lourd d’un passé non résolu et d’un avenir incertain.