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Festival 2002
Marin, baroudeur, arpenteur de quais et d’horizons lointains, Gildas Flahaut aime à larguer les amarres. Accoudé au zinc d’un bistrot du port, au bastingage d’un cargo patient, au bordé d’un chalutier, il sait écouter les hommes aux vaseuses délavées et attendre les histoires de vagues, d’îles perdues et d’ailleurs toujours meilleurs. Fils adoptif de Corto Maltesse et d’une sirène en partance, son sac de voyage se boucle plus vite que l’haussière et dans le fatras du randonneur océan la boite d’aquarelles côtoie toujours le ciré et le bonnet .Après quelques mois passés à traquer la bonite aux côtés des pêcheurs de la Caraïbe, Gildas Flahaut (a travaillé) au Cap Horn où, en compagnie d’autres fêlés d’immensité, il (a) reconstruit le "Phare du bout du monde" cher à Jules Verne.
…D’une balade aux îles Kerguélen naquit "Carnets tempêtes" un somptueux coup de vent où les mots et les dessins éclatent de bleus sombres, de paysages violents et d’animaux toujours en lutte….
D’Oulan-Bator aux étendues ascétiques du désert de Gobi, l’artiste trace un périple où l’océan est steppe et les vagues prairies. Là-bas les noms sonnent comme des rêves de gamins, Gengis Khan galope avec les Indiens et Narantsétseg lance au ciel neuf cuillerées de lait pour appeler la protection des esprits. Gildas Flahaut a partagé la yourte des nomades et bu l’aïrak, ce lait de jument fermenté, avec les cavaliers mongols. Il a assisté aux combats de lutte et, sans mot dire, écouté Yatma le silencieux couper le bois.
Comme toujours les dessins volent d’aplats acides aux traits fins et retenus. Des chevaux bleus, échappés de la palette de Matisse, jaillissent dans un galop immobile. Des ciels trop vastes se noient en des aquarelles sans limite. Une esquisse et naît l’anecdote. Mais désormais l’écriture joue des épaules. Les mots de Flahaut sonnent et bousculent les croquis. C’est tant mieux. Car l’homme aux pinceaux est aussi un conteur "Allez, vas-y (…) va brûler ton âme et tes yeux aux vents des Sibérie. Enfile tes bottes et enfourche le premier cheval venu, pars au galop (…) Bois goulûment aux superstitions, au sacré, à l’air et aux étoiles. Tu les vois déjà dans la nuit glacée, les rivières sous la lune, les yeux bridés les mains sales, les chansons, les petits feux. Aime, regarde. Apprend à tuer le mouton, à le diviser sans gâcher. Fais. Sois heureux et déçu. C’est loin, c’est différent. Si différent. Tu rêves de petits chevaux lancés à fond de balle sur un tapis sans limite, tu veux avoir froid, avoir un peu mal, te sentir beau comme une sorte d’indien. Ah Ah ! Tu veux t’encanailler chez les rudes. Tu les auras tes bottes et ton chapeau achetés au marché noir pour une pincée de tougrouk, tu l’auras le cul en sang, tu les auras tes lèvres éclatées"