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Festival 2008
Dominique Louise Pélegrin est écrivain et journaliste. Ancien grand reporter à Télérama, elle travaille pour plusieurs revues et anime des ateliers d’écriture. Elle a publié deux livres sur le jardin, Stratégies de la framboise (Autrement, 2003) et, avec Marc Ayrault, Jardins paradis (Larousse, 2005), ainsi qu’un roman, Le Crocodile rouillé (Belfond, 2007).
La prairie n’est pas simplement le plancher des vaches, un bout de paysage, un bien foncier ou un écosystème. Lieu millénaire, quasi immobile sous le poids des saisons, la voilà qui perd des moutons mais gagne des pavillons. Qu’arrive-t-il à la prairie ? Le maïs l’étouffe, la broussaille l’enserre, le bitume la consume. Elle disparaît, mais on n’en a jamais autant rêvé. Elle contient nos réserves de plaisir et d’imagination, d’aventure et de santé.
On y fait des rencontres : une bergère virtuelle, Socrate, un lapin près du RER, un jardinier furieux, un lotissement, des agriculteurs qui veulent travailler moins pour gagner plus, une vache qui rigole doucement... La prairie bouge à toute vitesse, attention, pâtures fraîches !
Parler des prairies, c’est regarder sous un autre angle la société où nous vivons, poser en même temps toutes ces questions qui se bousculent sur nos façons de manger, de penser, d’habiter, de nous reposer, de nous déplacer, de voir la ville, de rêver la campagne, et j’en passe...
Comme tous les parents, les leurs rêvent de les voir rangés bien proprement dans les tiroirs d’une commode, oui, comme des chemises repassées. La famille comprend trois tiroirs. Dans le premier, les « grands » : Gabrielle, quinze ans passés, Emmanuel, treize, et Ariane, onze ans. Dans le tiroir suivant, les « moyens » : les jumeaux Paul et André, surnommés Melchior et Balthazar, qui ont neuf ans. Enfin, le troisième tiroir, celui des « petits », rempli à ras bord d’individus remuants et incontrôlables qui peuvent encore étaler leurs jouets partout et dire de grosses bêtises : Jeanne, sept ans, Inès, quatre ans, et Denis, le bébé, presque deux ans. Les autres l’appellent Roger parce qu’ils le détestent.
Entre eux, les enfants se surnomment la « Grande Couvée » et forment une tribu attachante et désordonnée sur laquelle veille le Crocodile rouillé, figure de l’autorité paternelle. Dans ce monde où l’on s’invente de savoureux surnoms, on élabore des langues secrètes, on s’insulte en langage esquimau et on rêve d’explorer le monde, quitte à se sauver par la fenêtre. Mais on imagine aussi d’effroyables machines à ratatiner les bébés. Car la fratrie est une jungle où l’on doit, pour exister, déjouer les pièges tendus par les aînés.
Difficile, dans ces conditions, d’attirer l’attention du Crocodile, surtout qu’il vient d’emmener toute la famille dans un pays étranger et qu’il annonce tranquillement la venue d’un neuvième enfant...
Avec cette histoire pleine de sensualité et d’humour, Dominique Louise Pélegrin réussit le pari fou de réveiller la part d’enfance enfouie en chacun de nous. Un roman d’une grande fraîcheur !
Résidence 2005 et Festival 2006
Distraitement et assidument,Dominique tient des carnets. Ils la suivent aussi naturellement que la trame suit le tissu. Impressions, notes de lecture, bribes de rencontre, rêves, sentiments assoupis, parcours dans la gare après le départ du train, idées d’aéroport dans le jardin. Secoués dans tous les sens, les carnets peuvent même cracher des pages de livres prêts à être publiés. Comme un paysage, ils s’éclairent différamment à chaque relecture. Ils sont la mémoire de demain, le réservoir d’idées et le catalogue de tous les appétits.
Ces carnets dûment numérotés de I à 88- mais certains se sont échappés- sont à la fois intimes et impersonnels, c’est ce qui fait leur équilibre. Ils contiennent des notes futiles et quelque chose qui touche à l’inconscient collectif. D’où l’envie d’expérimenter à Brest une sorte de "partage des carnets", à travers trois propositions. Dans le jeu de la Carnetomancie, mis en images par Catherine Ricoul, il s’agit d’utiliser les carnets comme diseurs de bonne aventure. Quelqu’un pose une question, un carnet tiré au hasard s’ouvre à une page et donne des indications. Ou se dérobe. Ou parle d’autre chose. Des carnets sont aussi tirées les mille feuilles du Grand Phrasier, arbre éphémère construit pour l’expo, avec son tronc de pages où les phrases disparaissent peu à peu sous l’écorce de la couleur. Mille bribes de textes, paragraphes, citations, notes, sont extraits des carnets. Le public est invité à en choisir une au hasard et à l’afficher dans l’arbre durant les trois jours de l’expo. Il peut aussi, à son gré s’emparer d’une feuille et écrire à son tour quelque chose.
Enfin, la balle brestoise, jeu littéraire a été expérimentée avec un atelier d’écriture de la ville ( la balle est si vive qu’elle attrappe au passage le l de littéraire). On lance une phrase, et tous les joueurs improvisent un sentiment, une histoire à partir de là. Le résultat sera publié dans Le Télégramme la semaine de l’expo.
Dominique Louise Pèlegrin est écrivain, journaliste, spécialiste des sujets "de société" à Télérama, co-auteur de films, sur le travail notamment. Elle a créé une association, « La Compagnie des Bambous », où elle anime des ateliers d’écriture, ce qui lui permet de mener une recherche sur les rizhomes de la créativité. Elle cultive un grand jardin en région parisienne , d’où deux livres, « Stratégies de la Framboise », chez Autrement et tout récemment « Jardins Paradis » avec le photographe Marc Ayrault, chez Larousse. A la fin de l’année, son roman « Le Crocodile Rouillé » paraitra chez Belfond.